Écritures du voyage. Héritages et inventions dans la littérature latine tardive

Publisher: Etudes Augustiniennes
Year: 2005
Abstract

Le récit de voyage antique constitue l’objet relativement inédit de cette étude, qui élabore et analyse un corpus de récits ou de descriptions de parcours à la première personne. L’approche, essentiellement littéraire, mais fondée sur des connaissances historiques et anthropologiques et centrée sur la période tardive, même si l’arrière-plan classique, grec et latin (Homère, Apollonios de Rhodes, Virgile, Horace, Ovide, Arrien etc), n’est pas négligé, ouvre des perspectives qui nuancent et contredisent parfois notre conception moderne de la littérature des voyages. Ce livre distingue deux ensembles qui sont rapportés à deux traditions poétiques et à deux paradigmes idéologiques : les récits factuels, où les voyageurs romains (tel Rutilius Namatianus) représentent leurs parcours comme des itinéraires de fondation, au terme desquels leur identité gréco-romaine et celle du paysage traversé sont fortement affirmées. D’autre part, les fictions grecques, qu’Apulée adapte dans ses Métamorphoses, élaborent une image différente du voyage, conçu comme une exploration au cours de laquelle le voyageur va à la rencontre de ce qui lui est étranger, au risque de perdre sa propre identité. Fondation ou exploration, réalité ou fiction : devant cette alternative, les chrétiens héritent des traditions profanes (Ausone, Synésios de Cyrène, Venance Fortunat), en les « convertissant » parfois (Paulin de Nole, Sidoine Apollinaire, Ennode de Pavie), mais aussi inventent de nouvelles formes d’écriture du voyage : dans le pèlerinage (Egérie), le voyage comme source de dépaysement et comme expérience de décentrement et de dépouillement, propre à un individu en quête de sa cité spirituelle, peut devenir l’objet d’un discours véridique pleinement assumé par son auteur.